Andreï Mitrofanoff. Anselme de Lucques et la Collection Quesnelliana

Andreï Mitrofanoff. Anselme de Lucques et la Collection Quesnelliana

Anselmus Lucensis episcopus, uir litterarum scientia clarus[1]

Il est bien connu que la Réforme grégorienne ne fut pas un mouvement seulement d’ordre politique, mais qu’elle eut aussi pour objet la purification de toute la tradition canonique de l’Église en Occident. Comme l’a montré B. Basdevant-Gaudemet: «au XIe siècle pour les princes, un concile constituait souvent une tribune où exposer publiquement des conflits les opposant à l’autorité ecclésiastique».[2] Même au début du pontificat de Grégoire VII, il n’existait aucune collection canonique qui aurait pu clairement définir l’autorité de l’évêque de Rome par rapport au pouvoir impérial.[3] C’est pourquoi, la naissance de la Collection canonique d’Anselme de Lucques,[4] partisan fidèle et combattant laborieux de Grégoire VII, était d’une importance évidente pour les contemporains. Comme le pensaient S. A. Szuromi et le cardinal A.M. Stickler, la théorie canonique générale de la Collection d’Anselme a été influencée par l’amitié qui existait entre le pape et l’évêque de Lucques.[5] En même temps, Anselme se devait de construire sa théorie canonique et sa doctrine ecclésiologique sur le fondement de la tradition précédente, car la méthode de son travail restait celle du pratiquant: le droit canonique n’était pas encore devenu la discipline scientifique des décrétistes ou des décrétalistes.[6] L’école cléricale, qui existait près de la cathédrale de Lucques à l’époque, pouvait tenir lieu de laboratoire pour Anselme, qui voulait maintenir les contacts avec les responsables des archives de la curia pontificalis.[7] La réception de la tradition canonique ancienne devait être aussi importante pour l’évêque de Lucques en raison de la concurrence possible avec les autres recueils des règles ecclésiastiques.[8]

La Collection Quesnelliana est devenue le code romain des canons les plus anciens, probablement utilisé par Anselme de Lucques dans sa Collection canonique. Les deux canons de la collection Quesnelliana, mentionnés par F. Thaner et A. Szuromi, sont regroupés dans le sixième Livre de la Collection d’Anselme (L. VI. 112, 129).[9] Le premier canon présente la regula formatarum, écrite par Attique, évêque de Constantinople, utilisée par les traducteurs des documents canoniques et expliquant la corrélation de l’aphabet latin et grec. Le deuxième présente un fragment des actes du concile de Chalcédoine (451). Puisque la Collection Quesnelliana était le code de l’Église de Rome le plus ancien, adopté par Anselme de Lucques, il faut considérer ici les étapes de son développement. Cette considération nous permettra de répondre à la question: Anselme de Lucques, utilisa-t-il vraiment la Quesnelliana, comme l’ont imaginé S.A. Szuromi et F. Thaner?

La Collection Quesnelliana a été composée sous le pontificat du pape Gélase (494-495) en tant que code de l’Église de Rome, dans lequel on avait inséré le Vetus Romanus, créé dans les années 340.[10] Probablement, la Quesnelliana présentait-elle le système juridique, mis à la base de la renaissance ecclésiastique réalisée par Gélase dans le cadre de la réception du droit romain. Presque tous les manuscrits de la Quesnelliana sont d’origine franque, établis à l’époque carolingienne. Cette situation fut un prétexte pour les frères Ballerini et F. Maasen de remettre en cause les racines italiennes de la Collection.[11] Cependant les résultats des recherches contemporaines confirment seulement l’origine romaine de la Collection, évidente pour P. Quesnel, son premier éditeur. La tradition manuscrite de la Quesnelliana n’est pas très répandue. Ses manuscrits conservés permettent seulement d’affirmer l’existence de la rédaction archétypique α, composée à Rome à la fin du Ve siècle (494-495). Cette hypothèse se base sur l’analyse du contenu de la Quesnelliana. On peut la justifier, en s’appuyant sur les arguments suivants: 1. la présence des versions latines des canons des conciles grecs d’origine italienne dans la Quesneliana (la version isidoriana antiqua pour les canons du concile de Nicée et isidoriana uulgata pour les canons des conciles, pris dans le Syntagma d’Antioche);[12] 2. la réception du code Vetus Romanus (les années 340), dans lequel les canons des conciles de Nicée et de Sardique étaient assemblés sans division chronologique par la Quesnelliana; 3. l’utilisation des titres rubriques, confirmant l’idée de la primauté romaine (par exemple le titre du 6e canon du concile de Nicée «de primatu Romanae ecclesiae»);[13] 4. l’absence des documents d’origine gauloise dans la Quesnelliana (par exemple l’absence des canons du concile I d’Arles (314), de Turin (398) ou des Statuta ecclesiae antiqua); 5. la réception du Bréviaire d’Hippone, approuvé par le Siège apostolique au début du Ve siècle; 6. les limites chronologiques des décrets pontificaux récupérés par la Quesnelliana (385-495); 7. l’affirmation de la primauté de l’évêque de Rome dans la préface de la Quesnelliana, inspirée par le Décret dit «gélasien» (les années 380) et par les lettres de Gélase, adressées à l’empereur Anastase (494-495).

Les textes juridiques adoptés par la Quesnelliana présentaient une structure compliquée, ordonnée selon le principe chronologique.[14]

L’analyse du contenu de la Quesnelliana permet de constater la reprise de matériaux des archives pontificales sous le pontificat de Gélase. La déclaration de la primauté de l’Église de Rome, basée sur l’interprétation du fameux épisode évangélique (Mt. 16, 18-19), était provoquée par la situation générale, dans laquelle se trouvait la chrétienté à la fin du Ve siècle. Le schisme d’Acace de Constantinople et le développement du monophysisme en Orient ont conduit Gélase à souligner l’autorité de l’Église de Rome, en s’appuyant sur les promesses évangéliques données à saint Pierre par le Christ.[15]

Comme nous l’avons souligné, la rédaction archétypique α de la Quesnelliana n’a pas été conservée. Il est évident que C.H. Turner et L. Duchesne avaient raison lorsqu’ils ont avancé l’hypothèse de l’existence de la rédaction gauloise de la Quesnelliana, établie dans les diocèses narbonnais (Arles). Il est possible que la rédaction gauloise, appellée β, reconnue comme la simple copie de l’archétype romain, ait été écrite par un clerc de la Gaule narbonnaise pour la vie quotidienne des évêchés locaux au début du VIe siècle. Ce clerc inconnu, archidiacre ou notaire privé, comprenait sans doute la valeur du droit romain ainsi que la discipline de l’Église de Rome et réalisé son travail avec application. Il explique le contenu de la Quesnelliana et son origine dans l’incipit général après exécution de sa copie. L’incipit mentionné affirme: «+ Continet codex iste canones ecclesiasticos et constituta sedis apostolicae».[16] Il se trouve dans tous les manuscrits complets conservés de la Quesnelliana, probablement provenant de la copie gauloise β. L’exemplaire de l’archétype romain a été perdu: en Italie, il était devenu inutile après la réforme de Denys le Petit.

L’archétype franc de la Quesnelliana, établi par les recherches textuelles, a été daté par C. H. Turner. L’archétype mentionné, provenant de la rédaction narbonnaise β, n’a pas été conservé, mais C.H. Turner trouva une note marginale dans le codex Arras 644 (572) (f. 134 r.): «hoc habuit uetustus: ab hoc concilio antiocheno usque indictionem XII; quod est in anno XV regni chlotharii regis anni ducenti LXII». Le chercheur a établi des limites chronologiques de la création du uetustus: pas avant 594 (l’avènement au trône de Clotaire II), pas après 672 (la mort de Clotaire III). La date du concile d’Antioche était connue: 341 (ou 330). Il ne fallait ajouter que 260 ans pour accepter la date précise: c’était 603 (594). En s’appuyant sur l’analyse paléographique des contractions et des abréviations, trouvées dans le codex Arras 644 (572), C.H. Turner en est venu à la conclusion que l’archétype franc de la Quesnelliana, appellé uetustus et reconnu comme une copie de la rédaction narbonnaise, pouvait avoir été exécuté par des moines anglo-saxons. Ces moines pourraient avoir travaillé en Neustrie ou en Angleterre vers 603.[17] Cet archétype, exécuté par les moines anglosaxons, est appelé la rédaction Г. Elle serait devenue une source de la diffusion de la Quesnelliana pendant la renaissance carolingienne de la culture du livre.

La copie la plus proche de la rédaction Г est représentée par le codex Arras 644 (572), devenu le manuscrit conservé le plus ancien de la Quesnelliana. Il est un bon témoin de l’archetype Г, sans graves fautes orthographiques ou interpolations évidentes. Les scribes ont conservé même le système des contractions et des abréviations, caractéristiques pour la tradition du livre manuscrit anglo-saxon. Le codex d’Arras a été fabriqué à la fin du VIIIe siècle, probablement dans le Nord de la France ou à l’abbaye de Saint-Pierre de Bath (Suffolk, Angleterre). Il contient le catalogue des pontifes romains jusqu’au pape Hadrien.[18] Le manuscrit a été donné à la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Vaast d’Arras en 1068 par l’abbé Seiwold de Bath, qui avait fui l’invasion normande. Est-ce que le manuscrit a été exécuté à l’abbaye de Saint-Pierre de Bath ou la donation de 1068 signifiait-t elle son «retour» à la patrie? Nous n’avons pas de réponse à cette question.

Le codex Einsiedeln 191 (277), établi pour la bibliothèque de la Cour de Charlemagne à la fin du VIIIe siècle, est très proche du codex Arras 644 (572) au niveau textuel. Il est évident qu’il y avait des liens culturels entre les monastères anglo-saxons et la Cour carolingienne. C.H. Turner supposait que le codex d’Einsiedeln n’était que la copie du codex d’Arras. E. Schwartz croyait que le codex d’Einsiedeln était identique au manuscrit d’Arras, mais n’était pas sa copie exacte.[19] On peut confirmer l’opinion d’E. Schwartz, en s’appuyant sur les fautes orthographiques et grammaticales, trouvées dans le codex d’Einsiedeln. À supposer que les clercs, travaillant à la bibliothèque de la Cour de Charlemagne, avaient une possibilité de copier l’archétype franc, devenu une base pour le codex d’Arras 644, (572) en Angleterre, nous pourrions affirmer qu’ils se sont dépêchés pour accomplir leur devoir et fournir un livre à la Cour impériale, ce qui expliquerait les fautes observées dans le codex d’Einsiedeln. Mais nous ne pouvons pas vérifier cette hypothèse, car à elles seules les fautes trouvées dans le codex d’Einsiedeln ne suffisent pas à la justifier. Est-ce que les manuscrits d’Arras et d’Einsiedeln ont été fabriqués dans le même scriptorium de l’abbaye de Saint-Pierre de Bath? Cette question reste ouverte pour l’instant. La seule évidence est que les manuscrits mentionnés se basent sur le même archetype Г, daté de l’époque de Clotaire II (603).[20] Deux siècles plus tard, le codex Einsiedeln 191 (277) a été apporté à la bibliothèque du chapitre de  Constance, où il fut à la disposition de Bernolde de Constance, historien célèbre du XIe siècle. [21] C’est lui qui laissa ses marginalia sur les feuillets du manuscrit. Peu après, il a été donné à la bibliothèque de l’abbaye de Sainte-Marie des ermites d’Einsiedeln (Suisse). Hélas, dans son état actuel, le manuscrit ne présente pas la Quesnelliana intégralement.

La diffusion des manuscrits de la Quesnelliana sur le territoire de l’Empire carolingien s’est poursuivie au IXe siècle. Le codex Paris 1454 en présente une copie, provenant aussi de l’archétype Г par l’intermédiaire d’un chaînon aujourd’hui perdu. Le codex Paris 1454 est proche des manuscrits du groupe γ (les manuscrits Arras 644 (572) et Einsiedeln 191 (277)) au niveau textuel, mais sa structure interne est différente. Les rubriques qu’on y trouve représentent des additions, insérées à l’intérieur de le codex pour préciser le contenu des documents. En particulier les titres ajoutés, absents dans les manuscrits du VIIIe siècle, se trouvent dans le corpus des canons du concile de Nicée, représentés par la Quesnelliana. En outre le codex Paris 1454 a des titres ajoutés dans le Bréviaire d’Hippone à partir du canon 25. Une composition paléographique de l’incipit de la Quesnelliana, présentée par le codex Paris 1454, est particulière: elle n’a pas de signe de la croix avant la phrase de l’incipit, l’ordre des mots, connu grâce aux manuscrits du VIIIe siècle, a été changé: «Canones continet codex iste ecclesiasticos et constituta sedis apostolicae».[22] Au début du manuscrit il y a une Collection canonique, découverte par G. Sachery, dans laquelle on trouve une interprétation latine des canons des apôtres, du concile de Nicée, de Laodicée et d’Antioche, ainsi que les constitutions apocryphes, attribuées au pape Sylvestre. À partir du folio 37r, le lecteur trouve la Quesnelliana avec les rubriques interpolées. On peut supposer que le codex Paris 1454 présente une rédaction Г de la Quesnelliana dans sa forme tardive ε, datée de la fin du VIIIe ou du début du IXe siècle. Il est probable que cette forme ε, apparentée aux manuscrits d’Arras 644 (574) et d’Einsiedeln 191 (277), a été élaborée dans un but éducatif ou pour l’enseignement du droit canonique aux écoles episcopales. Les rubriques ajoutées et interpolées, trouvées dans le codex Paris 1454, le distinguent du groupe γ. L’édition de Ballerini a ignoré les rubriques mentionnées, non encore publiées. La forme ε de la Quesnelliana est representée aussi par le codex Paris 3842 А (Codex Thuaneus). J. Gaudemet l’appellait le plus authentique, mais il ignorait les manuscrits plus anciens de la famille Г de la Quesnelliana. Les manuscrits Paris 1454 et Paris 3842 A ont été créés dans le troisième quart du IXe siècle sous le règne de Charles le Chauve dans la région parisienne.[23] Le codex de Paris 1454 a été fabriqué à la bibliothèque de la cathédrale de Beauvais.[24] Le codex de Paris 3842 A, utilisé par P. Quesnel pour la première publication de la Quesnelliana en 1672, était bien connu. Pourtant le codex de Paris 1454, décrit par F. Maassen, longtemps n’a pas eu de grande réputation parmi les chercheurs. En 1990, H. Mordek a identifié un fragment de la Collection Quesnelliana, trouvée dans le codex de Paris 1458 et l’a comparé avec la forme de la Quesnelliana, conservée dans les manuscrits de Paris 1454 et 3842 A. Le codex de Paris 1458 a été fabriqué dans un scriptorium de France du Nord au milieu du IXe siècle.

C.H. Turner a réuni les manuscrits mentionnés sauf le codex de Paris 1458 découvert en 1990, en une famille unie que nous appellons ici la familia Γ. Elle est basée sur l’archétype franc ou anglosaxon, fabriqué vers de 603.[25] Elle contient deux groupes des manuscrits (consensus codicum): γ c’est-à-dire le codex d’Arras 644 et d’Einsiedeln 191, et ε c’est-à-dire le codex de Paris 1454, de Paris 3842 А et le fragment conservé dans le codex de Paris 1458.

Il est évident qu’il y a une autre famille manuscrite de la Quesnelliana, appellée Δ et diffusée à l’époque carolingienne. C.H. Turner est le premier qui souligna la différence entre les manuscrits de la famille Δ de ceux de la famille Г. La famille Δ était representée par des manuscrits divers, parmi lesquels il faut mentionner les plus anciens: les manuscrits de Vienne 2141 (39) et de Vienne 2147 (42), fabriqués vers 780 dans le scriptorium de l’abbaye de Lorsch. La date et la localisation des manuscrits ont été définies par Ch. Munier et M. Petoletti.[26] La tradition manuscrite de la famille Δ est riche. Elle est représentée au IXe siècle par le codex de Paris 3848 A, provenant de la bibliothèque de l’Oratoire de Troyes et inséré ensuite dans la collection privée de F. Petou. F. Maasen a daté ce manuscrit à la limite des VIIIe-IXe siècles. J. Gaudemet affirmait qu’il était plus proche de l’archétype perdu, mais le chercheur ignorait les manuscrits mentionnés plus anciens. Le codex de Paris 3848 A a été fabriqué dans la région de Metz, devenu le domaine du roi Lothaire.[27] Hélas, le codex mentionné ne contient pas actuellement de documents plus anciens, recueillis par la Quesnelliana: il n’a pas de matériaux du codex Vetus Romanus. Le folio 1r. présente l’incipit du Bréviare d’Hippone: «Incipit breuis statutorum».[28] En outre, le codex de Paris 3848 A ajoute les titres spéciaux, absents des manuscrits anciens de la famille Г, propres au Bréviaire d’Hippone. Les titres mentionnés se trouvaient aussi dans la version du Bréviaire d’Hippone, représentée par le codex de Gand, fabriqué dans le scriptorium de la bibliothèque de la cathédrale de Saint-Bavon après le XIIe siècle et aujourd’hui perdu. Cette constatation permet d’affirmer l’affinité textuelle du codex de Paris 3848 A et du codex de Gand.[29] La rédaction de la Quesnelliana, présentée par le codex de Paris 3848 A et par le codex de Gand, avait des variantes et des différences textuelles de manuscrits du groupe γ (le codex d’Arras 644 (572) et le codex d’Einsiedeln 191). La rédaction mentionnée appartenait à la famille Δ. L’analyse paléographique des rubriques trouvées dans le codex de Paris 3848 A et écrites en onciale ancienne, au contraire du texte des canons écrit en minuscules carolingiennes, nous permet de confirmer cette supposition. En s’appuyant sur les résultats des recherches de P. Coustant et des frères Pierre et Jérôme Ballerini, on peut affirmer que le codex de Saint-Hubert, conservé dans la collection privée de P. Coustant, mais actuellement perdu, était aussi proche des manuscrits de la famille Δ, en pariculier des manuscrits de Vienne mentionnés, provenant de l’abbaye de Lorsch.[30]

Il est bien possible que la famille manuscrite Δ a donné au codex 42 du Collège d’Oriel d’Oxford un archétype textuel. Ce manuscrit est à la base de la première édition de la Quesnelliana, effectuée par P. Quesnel. Le codex mentionné a été fabriqué par Guillaume de Malsberry en 1135. Il avait beaucoup d’interpolations, absentes des manuscrits plus anciens. Comme l’a dit R. M. Tomson, Guillaume de Malsberry a utilisé un archétype perdu, écrit aux VIIIe-IXe siècles.[31] Le manuscrit d’Oxford 42 a été donné à la bibliothèque du Collège d’Oriel en 1459 avec les autres livres par le maître André Moncsvell. Le codex de Gand perdu, qui a appartenu à la famille Δ et a été utilisé par P. Crabbe dans son édition des actes des conciles, n’était que la copie du manuscrit d’Oxford 42.[32]

La tradition manuscrite considérée de la Quesnelliana a laissé des traces dans les fragments dispersés. Les auteurs du Bulletin bibliographique «Medio Evo latino» ont mentionné toutes les copies complètes de la Quesnelliana.[33] Pourtant la diffusion de la Quesnelliana, commencée en Angleterre de l’Est et en France du Nord au VIIIe siècle, toucha les territoires élargis de l’Empire carolingien vers le XIe siècle après sa chute. Ces territoires s’étendaient sur un grand espace, limité par Paris et par les Ardennes au Nord-Est, par les terres du Rhin et de la Suisse au Sud-Est. La diffusion géographique des manuscrits de la Quesnelliana permet d’espérer la découverte de nouveaux manuscrits et fragments de la Collection. C’est M. Petoletti qui a découvert un fragment de la Quesnelliana, datant du IXe siecle, dans les archives de la basilique de Saint-Ambroise de Milan. Ce fragment ne contient que les canons du concile de Sardique, insérés dans le Vetus Romanus et conservés dans la Quesnelliana.[34] Comme l’a remarqué le chercheur, le fragment de Milan pourrait être une copie, faite à partir des manuscrits de l’abbaye de Lorsch (les manus crits de Vienne mentionnés) sur l’ordre des archevêques de Milan. Les résultats de recherches d’archives montrent que la Quesnelliana n’était pas connue dans les scriptoria de la Lombardie. Pourtant il est évident qu’il y avait des liens culturels actifs entre l’archevêché de Milan et des monastères du Haut-Rhin. Ils généraient une diffusion en Italie du Nord des livres manuscrits fabriqués en Allemagne, en Italie du Nord. M. Petoletti a mentionné la destinée de l’archétype manuscrit des oeuvres de Sénèque De beneficiis et De clementia, ligné à Milan et transmis à Lorsch pour être rempli par le texte.[35] Outre le fragment de Milan, il faut mentionner ici le fragment de Dusseldorf, fabriqué à la fin du VIIIe siècle et le fragment de Vatican 4982, créé au XVIe siècle.[36] Les résultats mentionnés de l’analyse de la tradition manuscrite de la Quesnelliana s’appuient sur le texte critique de ses rubriques ainsi que sur des documents plus anciens, devenus la base du recueil. Ce texte critique, établi par nos soins, a été publié dans un ouvrage spécial.[37]

L’analyse de la tradition manuscrite de la Quesnelliana nous permet de reconnaître qu’elle était ignorée en Italie centrale tant à l’époque de la lutte pour l’investiture que plus tard. Dès lors, nous devons poser une question: comment Anselme de Lucques a-t-il pu récuperer les deux canons de la Quesnelliana dans sa Collection canonique? Il est bien possible qu’il connaissait la Quesnelliana en tant que recueil de droit canonique ancien grâce à ses études en Normandie et en France, mais il a fait ses études dans sa jeunesse[38]. Notre héros, avait-il une possibilité d’utiliser un exemplaire de la Quesnelliana, en accomplissant l’ordre de Grégoire VII et en composant sa propre Collection en 1083? La comparaison des différentes rédactions des canons de la Quesnelliana, insérés dans la Collection d’Anselme, nous permettra de répondre à cette question.

Comme nous l’avons dit, il n’y a que deux canons de la Quesnelliana, insérés dans la Collection d’Anselme. Ce sont la regula formatarum d’Attique de Constantinople ainsi qu’un fragment des canons du concile de Chalcédoine. La Collection d’Anselme présente le texte suivant:

L. VI. 112. Capitulum: Exemplar formatae concilii Calcedonensis.[39] De litteris formatarum. Incipit epistola formata a CCCXVIII episcoporum et ab Attico Constantinopolitano urbis episcopo edita.[40] Quod epistolae formatae ita debeant fieri.[41] Incipit epistola formata facta X CCCXVIII episcopis.[42]

Textus:

Graeca elementa litterarum numeros etiam exprimere nullus qui uel tenuiter graeci sermonis notitiam habet ignorat. Ne igitur faciendis epistolis canonicis quas mos latinus formatas uocat aliqua fraus falsitatis temere presumeretur hoc a patribus CCC.X et octo Niceam congregatis saluberrime inuentum est et constitutum ut formatae epistolae hanc calculationis seu supputationis habeabt rationem id est ut assumantur in supputationem prima graeca elementa Patris et Filii et Spiritus sancti ПYА quae elementa octogenarium quadrigentesimum et primum significant numeros. Petri quoque apostoli prima littera id est П numerus octoginta significat eius qui scribit episcopi prima littera cui scribitur secunda littera accipientis tercia littera ciuitatis quoque de qua scribitur quarta et indictionis quaecumque est id temporis id est qui fuerit numerus assumatur. Atque his omnibus litteris graecis quae ut diximus numeros exprimunt in unum ductis unam quaecumque collecta fuerit summam epistolam teneat. Hanc qui suscipit omni cum cautela requirat expressam addat preterea separatim in epistola etiam nonagenarium et nonum numerum qui secundum graeca elementa significat AMHN.[43]

Au premier coup d’oeil, le texte de la lettre, présenté par Anselme de Lucques, n’a pas de différence significative avec la Quesnelliana. Fr. Thaner a dit qu’elle donne «textus idem fere ac Collectionis Quesnellianae».[44] Pourtant il y a des variantes textuelles qui ne permettent pas d’admettre la possibilité de l’utilisation des manuscrits de la Quesnelliana par Anselme dans la récupération de la regula formatarum. En outre l’incipit trouvé dans la Quesnelliana n’a rien de commun avec les titres trouvés dans les versions de la Collection d’Anselme. Si les compositeurs de la Quesnelliana utilisent le génitif pluriel: regula formatarum, Anselme de Lucques et ses continuateurs ont préféré le nominatif singulier du participe passé: epistola formata / exemplar formata. En réalité, l’expression «anselmienne» a été prise des manuscrits de la Collection Pseudo-isidorienne: «Incipit epistola formata Attici episcopi Constantinopolitani».[45]

Les textes présentés par les manuscrits des familles différentes de la Quesnelliana, sont identiques entre eux. Le texte de la famille Г est le suivant:

Capitulum: Incipit regula formatarum. Textus: Graeca elementa litterarum numeros etiam exprimere nullus qui uel tenuiter graeci sermonis notitiam habet ignorat. Ne igitur faciendis epistolis canonicis quas mos latinus formatas appellat aliqua fraus falsitatis temere presumeretur hoc a patribus CCC.X et octo Niceam congregatis saluberrime inuentum est et constitutum ut formatae epistolae hanc calculationis seu supputationis habebat rationem id est ut assumantur in supputationem prima graeca elementa Patris et Filii et Spiritus sancti ПYА quae elementa octogenarium quadrigentesimum et primum significant numeros. Petri quoque apostoli prima littera id est П numerus octoginta significat eius qui scribit episcopi prima littera cui scribitur secunda littera accipientis tercia littera ciuitatis quoque de qua scribitur quarta et indictionis quaecumque […] id temporis id est qui fuerit numerus assumatur. Atque his omnibus litteris graecis quae ut diximus numeros exprimunt in unum ductis unam quaecumque […] fuerit summam epistolam teneat. Hanc qui suscipit omni cum cautela requirat expressam addat preterea separatim in epistola etiam nonagenarium et nonum numerum qui secundum graeca elementa significat AMHN.[46]

Le texte critique de la famille Δ a été publié par les frères Ballerini.[47]

Il est évident que le texte, présenté par Anselme, était identique à celui trouvé dans la Collection Pseudo-isidorienne.[48] La rédaction des actes du concile de Chalcédoine, présentée dans le codex Vatican Ottobon. 93, utilisée par K. Zechiel-Eckes et K.G. Schon, comme base textuelle, est en accord avec les manuscrits de la version de Cluny, dont l’un a été utilisé par Anselme de Lucques. Nous pouvons constater que la regula formatarum a été récupérée dans la Collection d’Anselme d’un exemplaire de la Pseudo-isidoriana (selon K. Zechiel- Ecks, c’est le codex de Lucques Bibl. Cap. Feliniana 123 (Plut. II), s. IX 4/4). Cependant la conclusion de l’epistola formata, présentée par la Pseudo-isidoriana, contient une phrase finale latine: ualete in domino, tandis que le texte adopté par Anselme de Lucques, a un mot grec: AMHN, trouvé dans le texte, présent dans la Quesnelliana. Pourquoi Anselme de Lucques ajouta-t-il un mot, pris d’une Collection tellement rare et ancienne?

Le deuxième canon, probablement récupéré de la Quesnelliana par Anselme de Lucques (L. VI. 129), a été justement attribué par F. Thaner à la version prisca. Cette version représente une traduction latine des canons des conciles de Constantinople 381, d’Éphèse 431 et de Chalcédoine 451, faite en Italie dans la deuxième moitié du Ve siècle. Elle a été insérée dans la Quesnelliana sous le pontificat de Gélase. La version prisca n’a rien de commun avec la version isidorienne- hispana. Sans doute Anselme de Lucques avait un manuscrit de la version prisca, devenue la base à laquelle il a puisé. La comparaison du texte adopté par Anselme avec le texte de la prisca transmis par la Quesnelliana montre des différences évidentes:

Le texte anselmien (L. VI. 129):

Capitulum: Vt omnis ecclesia habens episcopum habeat et oecconomum.

Textus: Quoniam ut in quibusdam ecclesiis reperimus sine oeconomis res ecclesiasticas tractant episcopi placuit omnino ut omnis ecclesia habens episcopum etiam oeconomum habere de proprio clero qui res ecclesiasticas dispenset cum consensu episcopi sui ne cum dispensatio sine testimonio fuerit res ecclesiasticae dispersae sint ad contumeliam pontifici irrogandam. Si uero hoc non fecerint reos eos sanctis subiacere canonibus <iudicamus>.

Le texte de la Quesnelliana (la famille Г):

Capitulum: Vt episcopi dispensatores habeant.

Textus: Quoniam ut in quibusdam ecclesiis <rumore> reperimus quod sine oeconomis res ecclesiasticas tractant episcopi placuit omnem ecclesiam habentem episcopum etiam oeconomum habere de proprio clero qui res ecclesiasticas dispenset cum consensu episcopi sui ne cum dispensatio sine testimonio fuerit res ecclesiasticae dispersae sint ad contumeliam pontifici irrogandam. Si uero hoc non fecerint eos sanctis esse canonibus reos.[49]

Il est évident que le texte anselmien porte les traces de corrections des rédacteurs de la version prisca.

1. Il y a une faute de syntaxe: la conjonction latine ut demande une forme personnelle du verbe au subjonctif. Tandis que le texte, adopté par Anselme, ajoute ut sans le changement de la construction de la phrase de la version prisca, qui emploie l’accusatif cum infinitiuo. En s’appuyant sur la correction médiévale, donnée par le codex de Venise, San-Marco Cl. IV. LV. (la version «A aucta»), Fr. Thaner ajouta le verbe au subjonctif: debeat.[50]

2. La dernière phrase a été changée dans le texte anselmien sous l’influence de la version isidorienne-hispana: reos eos sanctis subiacere canonibus iudicamus (texte anselmien), diuinis subiaceant regulis (version isidorienne-hispana).

Les arguments mentionnés nous obligent à tirer une conclusion, basée sur l’analyse comparative accomplie. Les textes de la Collection d’Anselme communs à ceux de la Quesnelliana ne donnent aucune possibilité d’affirmer qu’Anselme de Lucques a utilisé les manuscrits de cette Collection. Leurs différences textuelles sont trop évidentes, tandis que la diffusion de la tradition manuscrite de la Quesnelliana ne toucha pas la Toscane et la Lombardie du Sud, les régions dans lesquelles Anselme composa sa Collection en 1082-1083. On peut supposer qu’Anselme de Lucques a pu utiliser un recueil de canons anciens proche de la Quesnelliana. Ce recueil lui aurait permis d’ajouter un mot grec dans la regula formatarum, prise de la Pseudoisidoriana, et de récupérer le texte corrigé de la version prisca. Il est bien possible que ce recueil n’était rien d’autre que le codex 88 des archives du chapitre de Lucques, reconnu comme une copie du VIIe- VIIIe siècle de la version prisca et mentionnée par les frères Ballerini. Cette réponse aux questions posées au début de cet article, devrait être vérifiée par les recherches textuelles dans les plus brefs délais.


[1] Sigeberti Gemblacensis, Liber de scriptoribus ecclesiasticis, CCLXI, dans PL 160, 585.

[2] B. Basdevant-Gaudemet, Église et Autorités. Études d’histoire du droit canonique médiéval, Paris 2006, 127-128.

[5] Ibidem.

[4] C.D. Fonseca, La «Memoria Gregoriana» di Anselmo da Lucca discorso di aperture, in Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture. Atti del convegno internazionale di studi (Mantova 23-24-25 maggio 1986), a cura di P. Golinelli, Bologna 1987, 17-18.

[5] S.A. Szuromi, Anselm of Lucca as a canonist, dans Adnotationes in ius canonicum, 34 Frankfurt a.M. 2006, 5. «Due cose si notano concordemente nella persona di Anselmo di Lucca: già i suoi contemporanei affermavano che abbia voluto coscientemente imitare in tutto Gregorio VII, «cuius vestigia exsequi ferventer desideravit nella teoria e nella prassi». A. Stickler, Il potere coattivo materiale della Chiesa nella Riforma Gregoriana secondo Anselmo di Lucca, in Studi Gregoriani 2 (1947) 241.

[6] G. Picasso, La «Collectio canonum» di Anselmo nella storia delle collezioni canoniche, dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, 319.

[7] S.A. Szuromi, Anselm of Lucca as a canonist…, 4-5; K.G. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution. The Canonistic Work of Anselm of Lucca, Oxford 1998, 89.

[8] La tradition manuscrite de la Collection d’Anselme de Lucques est examinée par P. Landau, L. Kéry, L. Fowler-Magerl, vide: P. Landau, Intorno alle redazioni più ampie del XII secolo della raccoltà dei canoni di Anselmo da Lucca, dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, 338 348; L. Kery, Canonical Collections of the Early Middle Ages (ca. 400-1140). A bibliographical guide to the Manuscripts and Literature, Washington 1999, 218-226; L. Fowler- Magerl, Clavis canonum, Selected Canon Law Collections before 1140, (MGH Hilfsmittel, 21) Hannover 2005, 139-148, 169 171, 218-224.

[9] S.A. Szuromi, Anselm of Lucca as a canonist…, 73; Anselmi Luccensis Collectio canonum una cum collectione minore, a cura di F. Thaner, Oeniponte 1915, 323, 329.

[10] Clauis patrum latinorum, ab E. Dekkers, A. Gaar, in Corpus Christianorum series Latina, Steenbrugis 1995, 578; J. Gaudemet, Les Sources du droit de l’Église en Occident, Paris 1985, 133.

[11] Pierre et Jerôme Ballerini, Fr. Maasen et L. Duchesne s’appuyaient sur les racines gauloises de la Quesnelliana (le diocèse d’ Arles): Ballerini fratrum dissertationes, in PL 56, 357-358; F. Maasen, Geschichte der Quellen und Literatur des Canonischen Rechts im Abendlande, Graz 1956, 491-493; C.H. Turner, Ecclesiae Occidentalis Monumenta iuris antiquissima, Oxonii 1913 (=EOMIA), I, II, 12 (praefatio). Pourtant les chercheurs du XXe siècle – E. Dekker, H. Wurm, C. Silva Tarouca et J. Gaudemet – ont prouvé l’origine romaine de la Queselliana, en s’appuyant sur les résultats de l’analyse critique de son contenu intérieur. Vide: C. Silva Tarouca, Nuovi studi sulle antiche lettere dei Papi, Romae, 1932, 424, 552; H. Wurm, Studien und Texte zur Dekretalensammlung des Dionysius Exiguus, Bonn, 1939, 85-86; J. Gaudemet, Les Sources du droit de l’Église en Occident, Paris 1985, 133; Clauis patrum latinorum, ab E. Dekkers, A. Gaar, in Corpus Christianorum series Latina, Steenbrugis 1995, 578.

[12] J.Van der Speeten, Le dossier de Nicée dans la Quesnelliana, in Sacris erudiri 28 (1985) 384 450. Comme l’a remarqué le chercheur, le dossier de Nicée, mis dans la Quesnelliana (la version Q), était proche de la version latine plus ancienne des canons de Nicée, conservée dans le code d’Ingilrame (Cod. Vaticanus Reginae 1997). Cette version, créée au IIe à la moitié du IVe siècle, est devenue une base pour les traductions tardives, faites en Italie aux V-VIe siècles. En outre la version Q a influencé la réception gauloise du droit canonique grâce à la Collection de Saint-Maur.

[13] Le titre mentionné se trouve dans toutes les rédactions de la Quesnelliana: v. le codex Arras 644 (572) de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Vaast et le codex Vienne 2141 (39) de la bibliotheque de l’abbaye de Lorsch. Comme l’a dit C.H. Turner, la version du 6e canon du concile de Nicée, représentée par la Quesnelliana, remontait au texte, lu par Paschasin, légat du pape Léon le Grand sur le concile de Chalcédoine en 451. C.H. Turner, appellait cette version sylloges Q. V.: C.H. Turner, EOMIA, I/I Oxford 1899, 274-277.

[14] F. Maasen, Geschichte der Quellen und Literatur des Canonischen…, 494-500.

[15] I. Meiendorff, Istoria Zerkvi i vostochno-christianskaia mistika, Moskva 2000, 123-126; H. Koch, Gelasius im Kirchenpolitischen Dienst seiner Vorgänger Simplicius anglound Felix III, München 1935, passim; W. Ullmann, Gelasius I (492-496). Das Papsttum an der Wende der Spätantike zum Mittelalter, in Päpste und Papstuum, 18 Stuttgart, 1981, passim; Id., The Growth of Papal Government in the Middle Ages, London 1955, 14-31.

[16] Ce sont les codex manuscrits d’Arras 644 (572), d’Einsiedeln 191, de Paris 1454.

[17] C.H. Turner, EOMIA, 1913, T. I, II, 12 (praefatio).

[18] C.H. Turner et E. Schwartz ont daté le codex Arras 644 (572) du VIIIe siècle. M. Petoletti a proposé une date plus tardive – le VIII/IXe siècle, mais sans argument solide, v. E. Schwartz, Acta Conciliorum Oecumenicorum, I/5 Berolini-Lipsiae, XIIII; C.H. Turner, EOMIA, 1913, I/II, 12 (praefatio); M. Petoletti, Un frammento del secolo IX della «Collectio Quesnelliana» nell’Archivio capitolare della Basilica di Sant’Ambrogio a Milano, in Aevum 82 (2008) 304.

[19] E. Schwartz, Acta Conciliorum Oecumenicorum…, XIIII.

[20] M. Petoletti, Un frammento del secolo IX…, 304.

[21] F. Maasen, Geschichte der Quellen und Literatur des Canonischen…, 487.

[22]Le codex Paris 1454 f. 37 r.

[23] La description des codex Paris 1454 et 3842 A vide apud: H. Mordek, Kirchenrecht und Reform in Frankreich. Die Collectio «Vetus Gallica», die alteste systematische Kanonensammlung des frankischen Galliens, Berlin 1975, 238-240.

[24] H. Mordek, Bibliotheca capitularium regum francorum manuscripta. Überlieferung und Traditionszusammenhang der fränkischen Herrschererlasse, (MGH, Hilfsmittel,15) München 1995, 409.

[25] C.H. Turner, EOMIA, 1913, I/II, 34.

[26] M. Petoletti, Un frammento del secolo IX…, 304; Ch. Munier, Concilia Africae 345-525, Turnholti 1974, in Corpus Christianorum series Latina…, 149, XV.

[27] M. Petoletti, Un frammento del secolo IX…, 304; H. Mordek, Bibliotheca capitularium regum francorum manuscripta…, 409-10.

[28] Le codex Paris 3848 A f. 1 r.

[29] P. Crabbe, Sacrosancta concilia Omnia tam Generalia quam Particularia, I Coloniae Agrippinae 1551, 433-434; Ch. Munier, Concilia Africae 345-525…, 149, 53.

[30] Ballerinorum Petri et Hieronimi fratrum Appendix ad sancti Leonis Magni OpermanusaTomus III, Venetiae 1757 (=PL LVI, 353-746) www.documentacatholicaomnia.eu/25_10_MPL.html Cooperatorum Veritatis Societas.

[31] M. Petoletti, Un frammento del secolo IX…, 304; R.M. Thomson, William of Malsbery, Woodbridge 1987, 64-66, 96-97, 124-125.

[32] CH. Munier, Concilia Africae 345-525…, 27.

[33] Medioevo latino, Bollettino bibliographico della cultura europea da Boezio a Erasmo (secoli VI-XV), a cura di A. Paravicini Bagliani, L. Pinelli, XXX Firenze 2009, 717.

[34] Codex M 11 Archivii capitularis basilicae S. Ambrosii Mediolanensis, vide: M. Petoletti, Un frammento del secolo IX…, 293-312. M. Petoletti a publié le texte du fragment trouvé, pourtant il n’avait pas de possibilité de le comparer avec le texte critique des canons du concile de Sardique, établi par C.H. Turner.

[35] Ibidem.

[36] Ibidem; le fragment de Dusseldorf Е. 32 a été fabriqué à Verdun. Il a été copié en minuscule anglo-saxone, tandis que le fragment de Vatican 4982 a été fabriqué soit en Italie, soit en Allemagne.

[37] A. Mitrofanoff, Zerkovnoe pravo i ego kodifikakazija v period rannego srednevekovja (IV-XI vv.), Moscou 2010, 333-350.

[38] K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution. The Canonistic Work of Anselm of Lucca, Oxford 1998, 46-47.

[39] La version «Bb» (le codex Vatican «Barberini» 535, son apographe de Paris 12450).

[40] La version «Bb» (le codex Vatican 1364) et «A aucta» (le codex Mantoue C II 23).

[41] La version «A» (le codex Paris 12519) et «A» (le codex Naples XII A 37-39).

[42] La version «A aucta» (le codex Venise de Saint-Marc Cl. IV. LV.).

[43] Le texte critique: Anselmi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minora, a cura di F. Thaner, Oeniponte 1915, 323-324.

[44] Ibid. …, 323.

[45] www.pseudoisidor.mgh.de/html/081.htm.

[46] Le codex Arras 644, le codex Paris 1454 f. 156 r.-v.

[47] Ballerinorum Petri et Hieronimi fratrum Appendix ad sancti Leonis Magni Operum Tomus III, Venetiae 1757 (=PL LVI, 730-731).

[48] www.pseudoisidor.mgh.de/html/081.htm.

[49] Le codex Paris 1454 f. 88 v. La famille Δ de la Quesnelliana donne presque le même texte: Ballerinorum Petri et Hieronimi fratrum Appendix ad sancti Leonis Magni, Operum Tomus III, Venetiae, 1757 (=PL LVI, 547).

[50] Anselmi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore…, 329.

Андрей Юрьевич Митрофанов, доктор исторических наук, доктор истории, археологии и искусств Лувенского университета, профессор Санкт-Петербургской Духовной Академии

Cr St 33 (2012), 759-773


Опубликовано 28.04.2018 | | Печать

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